Un gentil policier nous vient en aide et nous accompagne à trois stations de bus différentes. Au bout de plus d’une heure nous trouvons deux places dans un bus qui part à 10h00 sans climatisation et avec cinq sièges. Le gentil papa policier remercié, on attend sagement notre bus en discutant avec les philippins. C’est finalement à 11h00 (filipino time) qu’on quitte la gare routière pour Legazpi. Nous posons nos sacs vers minuit après 23 bonnes heures de bus depuis Banaue. 

Ce matin  nous nous levons pour observer l’attrait majeur de cette petite ville : le Mont Mayon. Ce volcan, encore actif, est considéré comme un des volcans les plus parfaits au monde. On nous avait pas menti, il est très beau et son cône semble être dessiné à la main. Nous commençons à l’église de Daraga mais le sommet se cache derrière les nuages. 

En attendant qu’il se dégage, nous nous baladons dans la petite ville de Legazpi. On se déplace dans les fameux jeepneys, un moyen très bon marché et bien plus facile ici qu’à Manille. La région de Bicol étant connue pour sa cuisine épicée, nous choisissons le Smalltalk café pour déguster plusieurs spécialités. Nous prenons les pâtes au pili, basilic, ail et celles au pinangat  (coco , poisson et feuilles de taro). Très très bon ! Dommage pour les petites portions. 

Quand nous sortons du restaurant la chaleur est intenable. Nous décidons donc de prendre un jeepney pour la Ligñon Hill, spot connu pour admirer l’explosif Mont Mayon. Une fois là-haut, nous nous rendons compte que le volcan est entièrement caché derrière les nuages. Au bout de trois heures d’attente nous pouvons enfin admirer son sommet qui culmine à 2460 mètres. Vraiment impressionnant, nous nous lassons pas de le contempler ! Nous faisons connaissance avec quatre jeunes profs philippins très sympathiques. Nous décidons de rester une nuit de plus à Legazpi pour profiter du calme de ce coin très peu touristique. Le soir nous retournons au Smalltalk café où nous nous régalons une nouvelle fois. 

Aucun soucis pour se lever à 6h30 ce matin, en effet nous nous levons pour une bonne cause : tenter d’apercevoir des requins-baleines à Donsol. Après une heure trente de jeepney, serrés à trente comme des sardines  (normalement prévu pour 18) nous arrivons à destination. Une fois au centre d’accueil, on nous fait visionner une vidéo sur les consignes à respecter et qui explique comment le WWF gère le « business ». 

Ici les requins sont sauvages, il n’y a donc aucune garantie de les voir. Pas de surprise pour nous, on a exprès choisi Donsol plutôt que Oslob, où ils sont nourris et « gardés » à 10 mètres du bord. Une fois formés, nous partons sur notre bateau avec un philippin et trois koréens. Nous quittons la plage excités mais avec un peu d’appréhension aussi. Nos peurs de ne pas les voir sont vite dissipées puisqu’au bout de 10 minutes, le guetteur en aperçoit un. 

Tout le monde s’active pour enfiler masque et tuba pour sauter dans l’eau. Au signal du guide nous devons sauter du bateau alors qu’il avance encore. Pas le moment de réaliser que nous sommes dans l’eau qu’un immense requin passe sous nos pieds. Wouhaou ! Dans le saut et l’excitation, Camille perd son tuba… pas de soucis, le guide en a un de réserve. On remonte rapidement car la bête a filé. 

A peine cinq minutes plus tard, Jerry (le guide) nous prévient de sauter à l’eau. Déjà un autre ! Nous n’apercevons que son ombre cette fois car il est trop profond. Nous remontons à nouveau  pour aller plus loin. Les koréens ne sachant pas nager, Jerry doit s’en occuper pour qu’ils ne paniquent pas, assez comique à voir. Quant au philippin, récemment opéré des yeux, il reste sur le bateau. 

Quand nous sautons pour la troisième fois nous vivons notre meilleure baignade. Le requin-baleine nage près de nous pendant une bonne dizaine de minutes. Nous pouvons l’observer plus précisément que le premier. Le plus gros poisson de monde est très intimidant. Ce moment inoubliable est indescriptible ! Camille verse même une petite larme dans son masque émue par le spectacle. Jerry nous fait remonter à bord pour laisser d’autres personnes le voir. Sur le bateau nous sommes sans voix (pas les koréens qui sont occupés à brailler parce qu’ils ont bu la tasse).

Nous nous sentons tellement chanceux, un rêve réalisé. Alors que nous pensions avoir fini, Jerry et son guetteur en repèrent un énorme. Il est encore plus grand que les autres (environ 12 mètres) et arrive en face de nous. Même si nous ne risquons rien puisqu’il ne mange que du plancton, le voir arriver de très près est super impressionnant. Malheureusement la baignade est rapidement écourtée car Camille se fait violemment piquer au bras, au ventre et à la cuisse par une méduse. Jerry enlève les filaments encore collés sur la peau et propose de rentrer au plus vite. Pas question, on continue. 

La douleur ne s’améliorant pas, Thibaut part seul avec le guide pour un dernier requin. Plus petit cette fois (que cinq mètres) mais tout aussi impressionnant puisqu’il tourne autour de nous. Nous retournons à l’accueil émerveillés. Nous espérions en voir un et nous repartons en en ayant vu cinq. Incroyable ! Nous retournons à Legazpi en fin de journée. On se prépare pour retourner manger dans notre restaurant habituel, pâtes au Bicol express (le ragoût local) et pâtes au sili (piment) et pesto. Nous finissons la soirée au bord du terrain de basket, sport fétiche des philippins.

Comme nous nous y sentons bien, la bonne cuisine et la gentillesse des gens y étant certainement pour quelque-chose, nous décidons de prolonger le séjour à Legazpi. Direction les Quitinday Hills à Camalig. Après quelques négociations, nous partons en tricycle avec Jun notre chauffeur. Le chemin jusqu’aux collines est très beau et traverse des routes bordées de cocotiers. Une fois en haut, Jun nous accompagne découvrir les collines à pieds. Le point de vue est à couper le souffle. Les jolies collines toutes rondes et vertes fluo s’étendent à perte de vue. Le Mont Mayon s’élève en arrière-plan. Les paysages nous font penser à la campagne des Teletubbies, presque irréels. 

Jun s’avère être un photographe hors-pair et souhaite nous prendre sous toutes les coutures. De retour au tricycle, nous sympathisons avec la famille qui travaille là. Nous posons avec plusieurs fois avant qu’ils nous laissent repartir. Jun nous propose de découvrir l’éco-parc. Une fois sur place, on se rend compte que le site est encore en construction mais toute une équipe nous attend déjà pour la visite. Elle commence par une grotte très glissante et ultra humide. La manager, surexcitée par notre venue n’arrête pas de nous prendre en photo. Elle est drôle et adorable. Comme partout ailleurs, Camille est traitée comme une princesse  (ou une assistée). On lui donne la main durant toute la visite pour éviter la chute et on lui lave même les mains. On ressort de là trempés à cause de la chaleur et de l’humidité. La manager et toute son équipe nous emmène nous baigner dans la rivière du village. Plus excitée que jamais elle saute avec nous, nous expliquant qu’elle ne s’était pas baignée là depuis son enfance. Elle est à mourir de rire. 

Avant de repartir, un membre de l’équipe monte à l’arbre nous chercher des cocos fraîches. Nous apprenons  que nous sommes les premiers touristes non-philippins. Le soir, on se force à changer de resto pour découvrir autre chose, on finit au McDonald’s. Ici c’est profondément ancré dans la culture, comme en témoignent les dizaines de chaînes de fastfood de la ville. On fait aussi un tour dans un énorme supermarché où Thibaut trouve un jeans. 

Un dernier point de vue sur le Mont Mayon depuis l’église de Cagsawa avant de partir pour l’aéroport. Nous arrivons deux heures à l’avance pour l’enregistrement. Une fois débarrassé de nos sacs, on décide de retourner en ville avant l’avion, connaissant le «  filipino time ». Deux gars de l’aéroport nous conseillent d’aller tester la fameuse glace au sili, piment de Bicol. Nous les écoutons et allons manger au First Colonial Grill, les spécialistes de cette glace. Prudents, nous choisissons le degré un et deux de piquant, laissant le degré trois et volcano pour une autre fois… la glace est très bonne et déjà bien assez piquante. 

Notre petit avion à hélices pour Cebu décolle à l’heure. D’en haut la vue sur les îles est très belle. Une fois atterris nous sommes tout excités de partir sur l’île de Bohol, pour découvrir les Chocolate Hills et les tarsiers, les plus petits primates au monde. Les agents d’une « info touristique » nous font redescendre de 10 étages en quelques secondes. Ils nous annoncent qu’un groupe d’extrémistes est sur l’île de Bohol et qu’il y a eu des morts. En nous ayant bien fait peur en évoquant plusieurs touristes égorgés, ils tentent de nous vendre un trajet en voiture privée avec chauffeur. 

Sentant un peu l’embrouille, on se renseigne auprès de la police et d’un vraie agence. Pas de touristes morts mais bel et bien le groupe Abus Sayef qui a été découvert sur l’île. Six d’entre eux ont été tués mais cinq autres ont pris la fuite. On apprend qu’ils avaient comme plan de kidnapper des touristes pour des rançons. Nous changeons donc nos plans et quittons immédiatement Cebu. Direction Dumaguette sur l’île de Negros.