Après deux heures d’attente nous partons enfin pour Phnom Penh. Une fois dans la capitale, nous nous arrêtons faire des courses dans un supermarché géant, très européanisé. Le but de l’opération ? Acheter des spaghetti, et oui ça manque après quelques mois . Pendant que les trois autres s’affairent à trouver pesto, sauce tomate et pâtes, Camille, restée pour garder les sacs, sympathise avec le chauffeur de tuktuk. Ce joyeux luron est en fait un chanteur pour la télévision locale qui travaille aussi à la radio, il ne travaille que le dimanche comme chauffeur. Il montre fièrement des photos de lui à la télé à Camille tout en lui apprenant quelques mots de Khmer.

Quand nous arrivons enfin à l’appartement nous pensons être au mauvais endroit. L’immeuble est en fait un immense hôtel avec un bagagiste qui nous attend en bas. Autant dire qu’on était un peu surpris et qu’avec notre look « short-tongues-gros sac à dos » on dénotait assez avec la clientèle de l’hôtel. Pourtant c’était bien là. A la découverte de l’appartement nous ne sommes pas déçus : grandes chambres, salon télé, cuisine toute équipée, la grande classe ! On a même accès à la piscine de l’hôtel. Nous dégustons avec un plaisir singulier nos spaghetti cuisinées dans un cuiseur de riz. Une simple assiette de pâtes, il n’en fallait pas plus pour nous combler.

Après une grasse matinée nous dégustons notre petit déjeuner avec les fruits achetés la veille. Nous quittons l’appartement pour aller visiter le musée du génocide Tuol Sleng. Cet ancien site de détention et de torture, le plus grand du pays, est appelé la prison S-21. En 1975, les forces de sécurité de Pol Pot ont transformé cet ancien lycée en une prison haute sécurité, un lieu de barbarie sans nom. 

La visite, qui se fait avec un audio guide, est un témoignage des horreurs commises par les Khmers rouges. Éprouvante et bouleversante, la visite de la prison nous a tiré les larmes a plusieurs reprises. Le joli parc verdoyant de l’ancienne cour d’école rend le lieu encore plus sordide. Là où jadis jouaient des enfants, des prisonniers ont été tués, là où les écoliers étaient attablés à leur bureau, les prisonniers ont été gardés et interrogés sur des crimes inventés. Quand l’armée vietnamienne libéra Phnom Penh en 1979 il ne restait que sept survivants sur les 20000 détenus de la S-21. 

Nous sortons de ce lieu de mémoire douloureuse chamboulés mais mieux renseignés sur l’histoire de cette guerre. L’après-midi, pendant que Delphine et Titouan sont occupés à faire leur visa vietnamien, nous partons nous balader dans les rues de la capitale avant de flâner dans le marché russe, un joyeux bazard. Après quelques emplettes et un bon jus de fruits nous retrouvons nos amis pour rentrer à l’appartement. C’est déjà notre dernière soirée tous les quatre, sniff.  Nous passons une bonne soirée avec un « gin tonic » revisité devant un film culte belge, Dikkenek.